• Une lettre datée du mois de janvier

    Mondovi, 10 Janvier 1849

    "Je vous avise que nous avons mis 28 jours pour arriver à Bône et nous en sommes à 8 lieues et ça ne fait qu'une seule plaine et une terre comme on n'en voit pas de pareille en France, pour la bonté ; nous n'avons aucune gelée, nous n'avons qu'un peu de pluie et du beau temps ; nous avons resté un peu dans les tentes et maintenant nous sommes dans les baraques en planches ; nos baraques ont 3 mètres 50 centimètres de large et 5 mètres de long ; on nous a donné notre jardin voilà 3 semaines et nous avons déjà choux, carottes, oignons, navets, poireaux, salades, radis, pois, tout est déjà bien élevé. Nous sommes arrivés un peu tard pour semer du blé, mais on a fait venir des arabes en masses pour labourer et semer pour nos récoltes de l'année prochaine. Nous sommes en train de faire les fortifications, nous gagnons 5 à 6 francs par jours les bons ouvriers et nous ne sommes pas malheureux. Nous recevons les vivres de campagne, mais nous avons du pain de sous-officier fi livre de viande, 12 grammes de café, autant de sucre et un quart de vin, mais nous sommes obligés de laisser 60 centimes de notre journée pour notre nourriture, on a fait aussi des fours à chaux et des briques pour bâtir des maisons.
    On nous donne tous les outils nécessaires : pelles, pioches, bêches et tout ce qui s'en suit. Je m'y plais très bien, ma femme aussi et nous nous portons même mieux qu'en France ; nous avons déjà fait la perte de quelques petits enfants, mais pas encore de grandes personnes... Nous sommes près d'une rivière et notre convoi est divisé en deux villages que l'on a appelé Centre ler et Centre 2 de la Commune de Mondovi. Nous sommes dans les baraques et chaque famille reçoit des vivres et l'on s'arrange comme on veut..."

     LEMAIRE François