• Charrettes et Bourricots

    Charrettes et bourricots



    Nous sommes en 1990. Comme cela m'arrive souvent, j'interroge mon père (né à Mondovi en 1918).

    - Est-ce que tu as connu tes grands parents ?
    - Je n’ai connu que ma grand-mère du côté de ma mère. J’ai aussi connu la sœur de ma grand-mère..
    - Tu n’as donc pas connu ton grand-père.
    - Non il est décédé avant que je puisse le connaître. Il était charretier.
    - Charretier ?
    - Oui. A l’époque il n’y avait pas de voitures. On avait les chevaux.
    - Il faisait ce que faisait Onorati au village. Tu l’as connu Onorati?
    - Non
    - Il avait des tombereaux et avec ça il transportait le sable, les cailloux.
    Mon grand père faisait ce travail : Il était conducteur.
    On appelait ça un charretier. Y’en a qui conduisaient des tombereaux, d’autres des voitures à plateau. Je ne me souviens plus comment on appelait ces charrettes. Elles avaient un nom. C’est pas vieux. Même à Mondovi ça existait. Onorati  avait ce matériel. Il transportait les balles de paille . Y’avait un siège pour le conducteur et  une plateforme sur 4 roues.
    Quand on partait en pique-nique pour Pâques, les gens s’asseyaient sur le pourtour du plateau, les jambes pendantes et on mettait le ravitaillement  au milieu…
    Après en plus de ce matériel Onorati avait acheté un Berliet, le premier Berliet qui était sorti avec des bandages. Y’avait pas de pneus ni de chambre à air. C’était un bandage dur en caoutchouc et l’entraînement
    c’était une chaîne, comme une chaine de bicyclette mais plus grosse.
    On la voyait sur le côté.
    Quand les camions modernes sont sortis, il avait toujours ce Berliet.
    Quand on transportait le tabac de la Tabacoop à la gare on prenait une entreprise de Bône mais lui, on le faisait travailler parce qu’il était du village. On lui donnait d’ailleurs la priorité. Il utilisait aussi ces fameux plateaux pour transporter le tabac. Y’avait aussi ce qu’on appelait la « jardinière » qui permettait de transporter le fourrage.
     A l’époque c’étaient les chevaux qui travaillaient.
    Onorati avait une grande cour. Tout autour c’était les écuries.

    C’est lui qui ferrait ses chevaux et qui les soignait.
    Il livrait le gravier et le sable aux maçons. Il avait le droit de le tirer de la rivière.Pour sortir les matériaux du lit de la rivière jusqu’au véhicule, il utilisait  des
    bourricots
     Chaque bête avait un panier, de chaque côté, que l’on remplissait de galets. Dés que les paniers étaient pleins , les ânes montaient jusqu’à la route sans même avoir besoin de conducteur tellement ils étaient habitués. Inutile de te dire qu’il en avait des bourricots.
    C’était une queue à n’en plus finir quand il les déplaçait. 

    On s’aperçoit que ça a vite évolué. On a l’impression que c’était hier.
    Je me souviens quand ils ont sorti les tractions avant…Pépé (Auguste) a acheté la  première 201 Peugeot du village.
    La première
    traction a été achetée par Monsieur Perruche, l’instituteur
     Quand Amédé Lopez nous disait qu’il mettait 25 mn avec sa traction pour faire Mondovi Bône ça nous paraissait extraordinaire. Alors que maintenant on mettrait 10 mn.

    Plus tard, le greffier a eu en cadeau une Willis. Quand il arrivait au village, tu avais tous les gosses autour. Quand le moteur tournait on ne l’entendait pas. Il s’est d'ailleurs tué avec cette voiture.

    Relevé dans « Le Progrès » (1900)

     Accident : "En cette matinée de novembre où vers 11 heures, la voiture à quatre roues tirée par un cheval, qui appartenait à une boulangerie et conduite par le nommé Mohamed ben Tahar, suivait la rue située place Saint Augustin devant les arcades. En arrivant en face du " cercle Amical ", les deux roues de cette voiture sont sorties de leur essieu, la caisse est tombée par terre et le cheval effrayé par le bruit s'est emballé. C'est alors que l'agent Fieschi de service sur la place Saint Augustin, s'est courageusement lancé à la bride du cheval et a réussi à l'arrêter, évitant ainsi, peut être, un grave accident car des enfants jouaient sur la place et dans la rue