• Une baignade de rêve.

    Une baignade de rêve.
    La corniche de Bône

    Cette année là, le premier mai avait été une véritable journée d’été. Comme souvent je me trouvais à Bône chez la tante Margot. En fait, tu le sais, elle s’appelait Marguerite c’était la plus jeune sœur de ma mère…une bonne vivante.

     

    Une baignade de rêve.

    Cabanons sur la plage de St Cloud. 

     

    Chez elle je me régalais de viande. Son mari, tonton Vincent était boucher à Bône. Il m’est d’ailleurs arrivé d’aller lui donner un coup de main à débiter de la viande. A chaque fois je partais avec un morceau de choix. Il est mort malheureusement assez jeune à la suite d’un coup de sabot de cheval. Cela a été le plus grand chagrin dans la vie de tata Margot parce que c’était un brave homme. Elle n’a jamais pu le remplacer.

    Margot et Vincent possédaient un cabanon sur la plage de St Cloud, une de ces petites maisons en bois sur pilotis que l’on pouvait voir tout au long de la corniche. La plage  de St Cloud était une des plus fréquentées parce qu’assez proche de la ville. Des gens s’y baignaient dès le mois d’Avril. Ce cabanon était pour moi l’évasion et la rêverie. J’adorais y dormir.

    La nuit on entendait la danse des vagues qui se jetaient à dix mètres de la terrasse où nous passions le plus clair de notre temps l’été.

    Ce jour là, lorsque je me suis levé, j’ai découvert un ciel d’une limpidité absolue. Pas un souffle de vent…presque personne sur la plage. Les vagues venaient se casser sur le sable comme si elles étaient lasses d’avoir fait leurs aller et retour toute la nuit. Je ne sais quelle force m’a poussé à descendre sous le cabanon pour y récupérer la vieille chambre à air qui nous servait de bouée. Je l’ai faite rouler jusqu’à l’eau, je me suis allongé dessus et lentement, sans même que je m’en rende compte mon radeau m’a porté suffisamment loin pour que ma tante devienne une silhouette sur la terrasse du cabanon. La faim se mit alors à me tirailler l’estomac. J’avais dû sans doute largement dépasser l’heure du petit déjeuner.


    Je sortis les bras de mon radeau pour me mettre à plat ventre. Les battements de mes bras dans l’eau la rendirent  de moins en moins fraîche jusqu’à ce que je la trouve vraiment bonne.

    Une baignade de rêve.

    La faim aidant, il me fallut beaucoup moins de temps  pour rejoindre la rive que pour la quitter. Margot était toujours sur la terrasse. Manifestement, elle m’attendait.

    « Alors, tu ne déjeunes pas aujourd’hui ? » me dit-elle alors que je remisais mon radeau.


    Là haut sur la table de la pièce principale du cabanon m’attendaient tous les ingrédients qui peuvent faire apprécier un petit déjeuner digne de ce nom. C’est ainsi que devait commencer ce premier mai 1932 alors que petit à petit la plage s’animait.