• La guerre 1939-40 est perdue.

     

     Mon père raconte :

     « En 39-40 j'étais pas marié. J’étais engagé.
    Quand je me suis engagé, la guerre n’était pas encore déclarée.

     Je me suis donc engagé pour faire le service. On m’a envoyé à Constantine.

    Le ConstantinoisClick

      Quelques temps après, le temps de faire les pelotons 1 et 2, la guerre a été déclarée. 

    3 septembre 1939 la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne

     A l’époque on avait les canons de 75 tractés par des chevaux.

    Le Constantinois

     On nous a embarqués sur le train à Constantine,  destination inconnue. On ne savait pas où on allait. On s’est retrouvés  dans le sud tunisien.

                    Là on a préparé les alvéoles pour mettre les canons en batteries.



    Le canon de 75Le canon de 75 



    Tout le temps où on est resté là, on n’a même pas vu un oiseau. 

    Il y avait une famille qui n’habitait pas loin de l’endroit où on était installés. De temps en temps on les voyait arriver avec le bourricot. On braquait le canon en direction de la maison. Ils avaient la trouille. Ils se sauvaient. 

      Famille tunisienne


    On n’a vu personne d’autres qu’eux.

    D’ailleurs je me demande ce qu’on aurait pu faire parce qu’on avait pour seule arme le mousqueton et 6 cartouches cousues dans la poche.



    Quand on prenait la garde, le soir, on avait le mousqueton à la main mais les cartouches restaient dans la poche.

    Famille tunisienne

    Un beau jour on nous a dit  - « On s’en va ! ».

    On a donc repris le train pour rentrer. Tout au long de la voie, à chaque fois que nous nous arrêtions, tous les arabes qui nous voyaient repartir nous faisaient le bras d’honneur.
    Nous étions à côté des canons dans des wagons sans toits.
    A cette époque j’étais caporal. J’ai dit aux copains qui étaient à côté du canon

    - « Quand on s’arrêtera vous descendrez du wagon pour ramasser des cailloux. »

     On a donc fait la réserve de cailloux. Par la suite à chaque fois qu’on nous faisait le bras d’honneur, je criais « feu » et chaque homme lançait un caillou. Nous avons fait ça tout au long du trajet jusqu’à Constantine. Arrivés à Constantine on a compris que nous avions perdu la guerre. On n’avait plus rien : plus de savon plus de fil pour coudre les vêtements plus de chaussures. »