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Une lettre du mois de mars
Le 19 Mars 1849
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......Le pays est charmant, nous sommes entourés de montagnes boisées, de vallons et le village est situé sur un mamelon ; au Nord, sont nos jardins, au midi est un vallon boisé puis un mamelon aussi boisé ; à l'Est, sont de très hautes montagnes avec des gorges toutes boisées, au bas la Seybouse, rivière très poissonneuse, au couchant des mamelons boisés et de larges gorges. Les arbres dont des oliviers, des peupliers, des charmes, des frênes, des myrtes et d'autres dont je ne connais pas les noms. Il y a beaucoup de terre argileuse et des grès sur le bord de la Seybouse. On voit beaucoup de pierres à chaux. Il y a des mines de fer : le Capitaine dit que toutes les montagnes qui nous entourent en contiennent beaucoup.
Nous n'avons encore rien trouvé dans les fouilles que l'on fait qui prouve que les Romains aient habité cette partie de l'Afrique, qui du reste était tout à fait inculte ; quelques parties avaient été labourées par les Arabes, mais si superficiellement que l'on ne peut comprendre que la terre ait rapporté. On peut se livrer à la culture de la vigne, des oliviers, du tabac, du blé qui est double en grosseur de celui de France : mais il faut du travail et du courage.
Nos jardins sont en partie plantés, tout y vient bien ; tous les arbres que nous avons emportés sont bien pris, nos pommes de terre sont très grandes, nos salades, nos épinards, nos pois, nos radis, le persil ne vient pas ; du reste toutes les plantes de France reprennent très bien. Notre vigne est très belle mais nous en avons très peu. La pépinière de Bône nous a rien donné ; Monsieur Hardy n'y étant plus, il est à Alger, nous lui avons envoyé notre lettre, mais il n'a pas répondu.
Je vois qu'avec du travail et de la persévérance, on peut faire un riche pays de l'Afrique... etc...