• La Première Communion.




    Dans ce pays de croyants qu’était l’Algérie par l’occupation des migrants qui constituaient sa population, la communion solennelle ou profession de foi était un passage obligé en même temps qu’un tournant dans la vie des individus de religion catholique.

    Voyons d’abord ce que représente cet évènement en allant puiser dans les ressources documentaires du « Net ».

     Histoire de la profession de foi

    En Occident, jusqu'au XIIe siècle, baptême et première communion étaient reçus simultanément.

    À la suite du 4e concile du Latran (1215),  la première communion se voit retardée à l'âge de 12 ans, voire plus tard encore.

    Avec le concile de Trente (1545-1563), la première communion est solennisée. Les enfants y sont préparés, ce qui permet d'édifier aussi les parents.
    À partir de la seconde moitié du XVIIe siècle et jusqu'en 1910, la première communion devient ainsi une véritable tradition culturelle

    Tout change sous Pie X (1910), qui autorise les enfants à communier dès 6-7 ans.

    Dès 1936, l'assemblée des cardinaux et archevêques de France suggère que « l'on donne à la communion solennelle, comme caractère essentiel, celui d'une profession de foi faite au cours de la messe ».
    Du coup, dans les années 50, on commence à lier la profession de foi de la communion solennelle au renouvellement annuel par tous les chrétiens de la profession de foi baptismale, au cours de la vigile pascale.

    La communion solennelle


    Parmi les livres de la bibliothèque j'ai retrouvé le missel que  mes parents ont acheté à l'occasion  de   ma communion solennelle.                           .

    Le missel c’est le livre qui contient les prières de la messe. Le mien contient des  souvenirs.

    En l'ouvrant j'y ai retrouvé ces images que l'on distribuait  à l’occasion   de l’évènement. Au dos, y sont écrits ou imprimés la date, le lieu et le nom du communiant.

    Nous faisions la communion l'année où nous quittions l'école communale. Cette période m'a laissé un bon souvenir qui n' pas grand chose à voir avec la ferveur dont on doit faire preuve, à cette occasion. L'évènement supposait une préparation qu'on appelait « retraite » et qui donnait droit à une semaine de congés  tolérée par le Directeur de l’école.

    Durant cette semaine, je retrouvais les camarades qui, comme moi, pour suivre la tradition et emboîter le pas de celui des parents, étaient voués à Jésus plutôt qu'à Mahomet.

    Notre préoccupation première, était de passer du bon temps en cette période où l'été était déjà bien entamé. A cette époque c'était le curé lui-même qui se chargeait de cette éducation religieuse et il savait exiger de nous un minimum d'assiduité de sérieux en nous promettant à la fin du stage un examen duquel dépendrait sa décision de nous faire faire la communion. « Redoubler le catéchisme! La honte elle nous serait montée à la fugure ! »....alors on bossait un peu...

    On se connaissait bien puisque durant les trois années de catéchisme on s'était retrouvés au sein de l'église du village à subir la solennité des séances qu'imposait notre cher curé Galéa (c'était son nom). Pas question de s'y soustraire ! La forte croyance de la plupart de nos parents faisait de l'instruction religieuse un passage obligé. Nous savons que les Bônois...donc les Mondoviens...étaient en majorité issus de l'île de Malte et que leurs parents avaient importé avec eux leur croyance ancrées au plus profond de leur être. Les femmes étaient plus pratiquantes que les hommes qui, par je ne sais quelle pudeur ou quelle honte, occupaient le fond de l'église en arrivant le plus souvent après le début de la messe. Ils étaient ainsi plus près de la sortie pour quitter l'église tout juste la bénédiction terminée…

    Jusqu’au jour de la communion, le curé voulait voir ses communiants au premier rang. Parmi ceux-ci des prestataires de service, les enfants de coeur, le plus souvent volontaires, étaient sélectionnés. J'ai rarement accepté cette participation parce que sans doute trop timide mais aussi peu enclin à jouer la comédie. Le cérémonial de la messe me plaisait dans ce qu'il avait de grandiose au niveau des chants et de la musique mais le rituel me gênait dans la mesure où, comme beaucoup de participants,  je ne comprenais rien au langage du curé qui parlait d’ailleurs une langue morte : le latin. En ce sens le catéchisme ne m'avait pas trop servi...

    La communion c'était souvent la première occasion de porter un pantalon long et certainement celle de vêtir son premier costume. De la cérémonie proprement dite je n'ai pas un grand souvenir. Je me souviens cependant de la fierté que j'avais, à mettre mes mains dans les poches pour brasser et faire tinter les pièces de monnaie que la famille m'avait données. Pour la première fois, je me trouvais seul gestionnaire d'un pactole.

    La communion c'était l'estampille du vrai chrétien et c'est pourtant à partir de cette date que la messe du dimanche n'était plus obligatoire. C'était en fait comme l'aboutissement des premières contraintes morales que s'imposaient  nos parents après le baptême et qui, une fois satisfaites,  leur donnaient  bonne conscience.

    Le jour de ma communion nous avons fait un grand repas dans la salle à manger de l’appartement libre au premier étage du petit immeuble que nous occupions. Toute la famille était réunie à cette occasion. Nous avons passé une partie de l’après midi dans le jardin.

    Après ma communion j’ai rangé mon missel et je ne l’ai pratiquement pas utilisé.  Il m'a cependant permis de conserver le souvenir de certains camarades grâce aux icones que j'y ai redécouvert. Celle, par exemple de  Antoine  (30 mai 1954) ce fils d'italiens, qui était un charmant camarade. Celle de Maryse  (5 juin 1955) aux parents d'origine alsacienne, haute comme trois pommes mais avec pleins d'atouts prometteurs. L'image d'Alba, dédicacée au porte-plume : un « français du continent » dont le père était fonctionnaire. On le raillait à cause de son accent pointu qui lui donnait l'impression d'être précieux. Celle aussi, de Marc  (30 mai 1957) le frère de Maryse.