• La Sainte Cécile.

     

    La Sainte Cécile.


    C’est en 1893 que la première société de musique de Mondovi a été créée. Elle a existé, avec des hauts et des bas jusqu’en 1953, date à laquelle mon père, qui en était le « manager » a donné sa démission. Je ne connais pas exactement la raison de cette décision. Sans doute est-ce à cause des évènements qui commençait à voir le jour.
    Un rituel au village était la célébration de « La Sainte Cécile » patronne des musiciens. L’école de musique se réunissait pour parcourir les rues du village, s’arrêtant sous les fenêtres des familles susceptibles de les recevoir. L’aubade se poursuivait alors sous les toits de l’habitant avec un petit verre à la clef, de temps à autre. Il m’est arrivé de suivre mon père dans ce genre d’exercice. C’était au mois de novembre. La nuit se terminait fort tard. Je rentrais à la maison, les poches du manteau bourrées de gâteaux et de friandises que m’avaient aimablement donnés les familles qui nous recevaient.






    Outre les personnages qui animaient les manifestations au village, il y avait ma grand-mère paternelle. C’était une excellente cuisinière aux talents multiples.

    Sa principale qualité était de faire de merveilleux plats avec « trois fois rien ».

    Elle a été longtemps la cuisinière à l’hôtel Restaurant du « Roulage » détenu alors par un dénommé Mr Zerbib.

     Pendant la guerre, veuve, alors que ses deux fils aînés étaient sous les drapeaux, infatigable, elle finissait les journées à des heures impossibles. Prise par son travail, elle couchait son troisième garçon sous une table pour pouvoir le surveilleren attendant la fin de son service et la fermeture du restaurant.

    Quand l’heure d’aller se coucher arrivait c’est souvent le  dernier pensionnaire de l’hôtel qui  réveillait le garçon pour rentrer à la maison.

    Après la guerre, son deuxième garçon a eu la chance de pouvoir acheter l'hôtel. Ma grand-mère a gardé la fonction de cuisinère. Lorsque nous lui rendions visite et que je sentais qu’elle avait préparé des lentilles, je ne voulais pas rentrer à la maison sans en emporter une assiettée, tellement je les trouvais bonnes.

    Quoi de plus normal qu’elle obtienne le titre de CANTINIERE D’HONNEUR DE LA MUSIQUE ? Elle le mérite amplement pour les immenses services qu’elle a rendus à la communauté mondovienne .