• Chasse au moineau à Monville

     

     

    Lieux de vie





    MONVILLE fait partie de la série de grands domaines agricoles de la région de Mondovi :

    MONVILLE, GUEBAR, CHAPEAU DE GENDARME, La LORRAINE, BEUGIN, DARHOUSSA, SAINT PAUL, GAZAN...
      Ces grands domaines ont offert de tous temps des débouchés  aux habitants de Mondovi. Un de mes oncles,  y a été chef de culture et habitait tout près de la voie de chemin de fer qui allait de Bône à Mondovi et traversait le domaine.

    Lieux de vie
    Mon oncle à Monville avec un sanglier qui a été sans doute capturé jeune et est devenu l'ami des hommes.
     A t-il fini dans la marmite ? On ne le sait pas.



    Comment sont nés ces domaines ?

     

    Dans la plaine, l'agriculture est passée par une crise très grave. Les villages, les fermes dépérissaient, se vidaient. Le paludisme sévissait : les eaux stagnantes du marais du FETZARA le rendaient redoutable. La sécheresse, alternant avec les inondations, réduisait les récoltes qui se vendaient mal. L'élevage, empirique, était sans défense contre les épidémies. Les agriculteurs avaient mis leur espoir dans le vignoble, péniblement créé sur les encouragements gouvernementaux : le phylloxéra, le mildiou et surtout la crise vinicole, les frappèrent durement.

    C'est alors que quelques capitaux métropolitains échappés au krachs financiers de l'Union générale et de Panama vinrent s'investir. C'est ainsi que sont nés ces immenses fermes

    Souvenir d'enfance



     
    Nous allions souvent rendre visite à mon oncle et ma tante. C’était l’occasion pour nous de retrouver les cousins avec lesquels nous avons passé notre plus tendre enfance.

    Devant la voie ferrée.
    1956 Devant la voie ferrée Bône - Mondovi.

    Mon cousin Auguste, Jean-Pierre qu’on appelait communément « Coco » était  expert dans le tir  au « tire boulette » (fronde). Il confectionnait lui-même son arme: tout un art parce que chaque élément avait son importance. Il fallait d'abord choisir la structure en bois dans une branche présentant un "V" d'une symétrie aussi parfaite que possible. De l'élastique dépendait la puissance  et donc l'efficacité du tir. Mais cela ne suffisait pas. Le tableau de chasse dépendait surtout de la dextérité du tireur et Coco n'avait rien à envier aux meilleurs. 

    Nous allions donc régulièrement chasser le moineau qui pullulait dans la région. Mes parents m’avait offert une petite carabine à plombs...le plus beau cadeau que j'ai eu en ce début d' adolescence. 

    Un jour alors que nous étions tout près de l’énorme tas de fumier entreposé sous un abri, un moineau vint se poser sur une des poutres du toit. Son beau poitrail blanchâtre constituait une cible qu’on ne pouvait pas rater. La pauvre bête tomba inanimée sur le tas de fumier. Confiant la carabine à Coco, je me mis à gravir le tas de fumier pour aller récupérer le moineau. Il ne me fallut faire que trois pas pour sentir une de mes jambes s’enfoncer jusqu’à la cuisse dans une espèce de liquide à l’odeur pestilentielle. Nous ne savions pas que sous le fumier se cachait le purin qui s’égouttait du fumier qui était déposé régulièrement à cet endroit. Heureux de ne pas y avoir été enseveli jusqu’aux épaules, nous nous sommes dépêchés de rentrer chez ma tante qui employa les grands moyens pour me nettoyer. Elle m’installa dans la cour derrière la maison, prit le tuyau d’arrosage et m’aspergea  pour enlever le plus gros des salissures et limiter l’odeur nauséabonde. Il me fallut ensuite ôter mon pantalon. C’est là qu’on s’aperçut que sous le pantalon, j’avais un pyjama. Je mettais ce pyjama à chaque fois que je portais ce pantalon, tellement le tissu me grattait aux jambes. Il n’était pas question de dire, à l’époque, "je ne veux pas mettre ce pantalon "…c’était donc pour moi la façon de satisfaire ma mère tout en ayant un minimum de confort en portant ce vêtement.

    Toujours est-il que j’ai terminé la journée avec un slip et un pantalon de mon oncle. Inutile de vous dire que cela a été l’occasion d’une sacrée rigolade.